Comment faire pour remettre un CR dans ce post alors que le lendemain du 400 je jetais l’éponge.
Eh bien, écouter ses remords pendant les 2 semaines qui ont suivies d’abandonner un projet qu’on avait démarré à 2 il y a maintenant 9 ans : je ne pouvais pas laisser tomber la famille.
C’est alors que le vendredi 5 j’appelle le cousin pour lui annoncer ma reconversion, il sautait de joie
et surtout je lui disais que son idée de faire le 600 en Bretagne comptait aussi un peu beaucoup.
Alors je tente un coup de poker et commande une nouvelle selle et je remercie donc maintenant Gilles Berthoud créateur et manufacturier français de ce superbe objet :
Grace à elle je subirai beaucoup moins la position exigeante du tandem
Donc vendredi 12 décollage vers l’ouest en passant prendre la pile basque à la défense, un arrêt à mauvais escient à Le Mans pour déjeuner nous fera perdre 40 min dans un bouchon improbable
de Porsche, Lamborghini, Aston martin, lotus ….. ou autres bolides venus admirer les 24 h du mans. J’avais zappé l’événement.
Arrivée à 17h00 à Loudéac, on prépare le tandem et nos affaires, puis un dîner d’athlète à base de pâtes et au lit avec une certaine anxiété qui ne facilite pas l’endormissement. Le cousin part se coucher avec une douleur inconnue au genou gauche
(somatiserait-il plus que moi?)
4hoo du mat’ le samedi le réveil sonne, le Titi boîte bien bas
on devalise les crêpes au petit dèj puis direction la maison du vélo pour s’acquitter de notre obole avant de prendre un départ groupé avec un peloton d’une 60taine de personnes.
Une question aux organisateurs : « y’a-t-il un certain Judi d’inscrit ? »
Réponse : « non »
Nous sommes le seul vélo spécial, mais je constate qu’ici aucune randonneuse ou vélo cyclotouriste, des vélos de course avec des éclairages à pile et certains sans saccoche. ça va avancer
Titi a quant à lui prévu que le terrain serait un peu gras.
Le GPS ne démarre pas
, on reste donc dans le peloton jusqu’au lever du jour puis on emmènera un groupe de 8 coureurs (c’est le bon terme) faisant l’élastique entre montées ou on est derrière et descentes ou on repasse devant sans pédaler
, puis à la faveur d’un ravito ce groupe explosera. Nous retrouvant seul on s’arrête pour retirer la carte SD du Garmin et retrouver la trace mais sans carte….
L’échauffement aura eu raison du genou récalcitrant du cousin qui ne sent pratiquement plus rien.
On quitte les Côtes d’Armor et entrons chez les finistériens du nord et les célèbres Monts d’Arrée. On passe chez SPE,
on aère la maison et vérifions que tout est en place pour le mois de septembre
Nous pointons et nous posons un peu avec un bon Far aux pruneaux avant de montée vers notre point culminant du jour le Roc Trédudon et sa célèbre antenne
Les habitués de la rando VTT ont la chance d’admirer ceci, si la météo est au rendez vous :
Une descente vers Sizun pour un nouveau ravito sous le soleil enfin bien présent et là une adorable personne venant poster une lettre se propose de faire la photo. (ils sont vraiment sympas ces bretons)
Puis cap tout à l’ouest pour rejoindre les bords de l’ocean atlantique à Le Faou,
avant de redescendre vers le sud Finistère en passant par Chateaulin et avec 2 bosses de bien piquantes
Le soleil est de la partie et c’est un plaisir de traverser maintenant la Cornouaille bien bosselée et rentrer dans le Morbihan après 210 km. Le point de contrôle le plus au sud se situe a St Anne d’Auray haut lieu de la chrétienté Bretonne (ici sa gigantesque basilique pour un village
)
ou nous arrivons vers 19 h 00 et le compteur affiche 294 km presque la moitié d’envoyée
et la forme est bonne une seule bosse nous a fait descendre le plateau de 28 pour l’instant.
Mais les redémarrages après les pauses sont de plus en plus douloureux, il nous faut bien 1 km pour retrouver des sensations de pédalages correctes.
Le ciel s’est couvert
et m’inquiète pour demain
C’est maintenant direction plein nord vers Loudéac pour la pause, mais les genoux (les 2 cette fois-ci) handicapent un peu mon V8 et le profil toujours aussi peu favorable au gros braquet fini par nous user et c’est toujours la même chose, tu te dis que t’es presque arrivé mais à chaque fois il reste une côte à gravir et encore une et psychologiquement ça te mine
(c’est donc bien la tête qui fait tourner les jambes)
Quoi qu’il en soit on est dans le timing prévu quand nous arrivons à 22 h 00
le temps de se doucher de bien s’alimenter et de préparer les affaires pour le lendemain on se couche à minuit et direct je dors.
3hoo du mat j’entends le réveil,
je m’habille pousse la porte de la chambre du cousin qui me parle
Je commence le petit dèj et n’entend rien venir, je remonte et le secoue, je redoute alors son lever du à son genou mais ce n’est pas pire qu’hier.
4hoo on saute
à nouveau sur le tandem et on fait tourner les jambonneaux, une fois les 15 premiers kilomètres avalés le profil du terrain est plus plat, mais il s’agit souvent de grandes lignes droites de tôles ondulées (faux plat enchaînant autres faux plats) mais en semi nocturne ça passe mieux.
Une jeune biche traversant la route
se fera une frayeur en s’affalant sur le bitûme en voulant faire un cadrage débordement
Nous avons maintenant le cap à l’Est pour rejoindre les terres légendaires non pas de Coachtoto
mais du Roi Arthur et de la dame du lac. :)Les abords de la forêt de Paimpont nous apportent quelques gouttes qui se transformeront en bruine
en arrivant à Iffendic point de contrôle
On attendra ¼ h l’ouverture de la boulangerie à 7hoo. Un gars seul nous rejoint avale un demi pain au chocolat et repart aussitôt.
Sous cette pluie fine
cap au Sud vers Maure de bretagne, on reprend notre gars après une belle bosse. la pluie s’intensifie
le couillon que je suis avait fait une confiance totale à la météo et avait laisser K-Way et sur-chaussures dans l’Oise.
Une fois définitivement trempé on met les watts pour se foutre à l’abri au plus tôt dans un bistrot à Pipriac : café bien chaud, la température à l’intérieur est bonne
et nous permettra de sécher en ¾ heure.
On reprend la route au moment ou un peloton parti une heure après nous de Loudéac nous rejoint, salutations et bon courage fusent sur la place du village. Ambiance toujours au top les bretons
Vers l’ouest nous quittons l’Ille et Vilaine (c’est vrai que c’était Vilain le temps
) la pluie s’est arrêtée (comme par hasard Coach
) et revenons dans le Morbihan nous retrouvons les joies de la Bretagne et son terrain accidenté
jusqu’au retour à Loudéac.
Le cousin recommence à souffrir, mais le
est là et la campagne est magnifique, nous faisons donc du cyclo tourisme, on profite, on ne regarde plus le compteur, on retrouve notre solitaire à St jean de Brevelay pour un ravito partagé sur la place de l’église. On échange sur nos expériences (il nous parle de ses précédents PBP
) il ne reste plus que 80 km.
Le redémarrage est douloureux
pour Titi qui ne peut plus appuyer à droite cette fois-ci, on rentrera donc sur 3 cylindres avec un final exceptionnel par des petites routes de toute beauté et une dernière bosse d’une 20taine de kilomètres
Il est 17hoo on revient à la maison du vélo sous les applaudissements et les félicitations,
un copain d’enfance arrivé à midi est là, changé pas trop marqué pour attendre ses potes et boire une bière avec eux
, un participant aux éditions du PBP de 1951 et 1955 est là aussi et nous dit qu’il a arrêté la route trop dangereuse avec les voitures pour la pratique du VTT
(Judi fais gaffe dans la descente de Giettaz tu pourrais te faire doubler )
Une ambiance incroyable dans ce club et une région qui respire le vélo, tous les cyclistes croisés ont initié ou répondu aux salutations, mis à part 2 voitures sur 600 km les automobilistes ont respecté les distances de sécurité
, les commerçants n’ont jamais été surpris des demandes de tampon tant ils sont habitués à valider les BRM ou Flèches effectués par un nombre incroyable de Cyclotouristes.
Alors voilà encore une étape et cap de franchi, 600 km en 36h04 (temps officiel)
Les échecs des essais précédents prennent une toute autre dimension maintenant car ils nous ont aguerri surtout dans la gestion du timing, car je resterai toujours impressionné par la capacité de notre corps à répéter ce geste de pédalage
, alors que tu ne sais plus à peine marcher ou tenir debout.
Et je retiendrais de ce magnifique 8 de 600 km et 5800 m de D+ sur les 4 départements Bretons que je n’ai jamais eu le temps de m’ennuyer, du pilotage très agréable dans les descentes sinueuses. Le titi ne pouvait pas s’endormir car le shiftage était permanent même si il a essayé le dimanche matin
Bref un régal et merci encore à la selle Berthoud.
Anecdote bretonne au bistrot :
"- alors les gars vous êtes sur un brevet
- oui c'est ça
- un 1000 ?
- euh non 600
- c'est bien si vous aimez l'endurance venez faire le raid du Morbihan
- c'est quoi?
- une course à pied
- combien environ 80 km ?
- Non 177 km "
mais je les adore