Après ma prestation très diminué sur le maxicross de Bouffemont en Février, j'ai une revanche à prendre
et avec toujours l'objectif d'augmenter un peu plus le kilométrage pour un jour
peut-être surement aller chatouiller un ultra
L'épreuve qui réunit tous mes critères dans le calendrier, sur la carte et qui pourrait convenir aussi à la famille est la 1ère édition du Trail des rois maudits dans l'Eure qui relie Les Andelys à la base de Lery-Poses. 52km et 2100m de D+, ça promet de piquer
Ne connaissant pas le secteur mais très attiré par les prises de vue proposées par l'orga, je vends un package à toute la famille avec la visite d'un parc animalier, la nuit en roulotte et le point de vue pour m'attendre le dimanche
Madame
accepte et je n'ai plus qu'à me préparer
J'enchaine donc des km juste après les 24H de Cergy, pile un mois consacré à la CAP. Je retiens de mes erreurs du passé: je privilégie le volume, et je ne vais pas trop chercher de D+ pour préserver les tendons
Le week-end est enfin là et nous prenons la route samedi en début d'après-midi pour rejoindre le village d'arrivée. Après midi détente en famille dans Biotropica, le parc animalier local avec vue sur les 2 derniers km le long du lac. A la sortie, nous croisons Aurélien Collet, parrain de l'épreuve, avec un palmarès VTT et Trail plus long que mon bras (je vois déjà certains dire que j'ai des petits bras
), qui part courir avec son chien
. J'annonce aux filles que l'on vient certainement de croiser le vainqueur du lendemain
Retour à la roulotte pour une pasta party et préparation minutieuse de l'équipement (place des gels, quantité d'eau, vêtements de rechanges....). Mes multiples lectures ces derniers temps m'ayant bien aidé, j'essaie de prévoir et prévenir un maximum de choses
Ce que je n'avais pas prévu
, c'est de me retrouver à environ 4 km du point de départ des navettes et il est hors de question de demander à tout le monde de se lever à 6h pour m'y conduire
, je ferai donc le trajet à pied de très bonne heure.
Je ne dors pas vraiment très bien, inquiet par la course et la météo annoncée (et les 2 belles averses de la nuit qui ne font rien pour me rassurer). Je suis réveillé sans réveil et me prépare rapidement puis quitte sur la point des pieds ce logement insolite.
Au petit trop, tranquille, à la frontale, à 5h30 du mat, je parcours les rues désertes du village et retrouve un guguss qui fait le même trajet que moi
. Les navettes arrivent et partent pile à l'heure !!!
Dans le bus surchauffé, je pique un peu du nez mais je ne peux m'empêcher de sourire aux déconnades des voisins, l'ambiance bon enfant étant de rigueur
Nous arrivons sur le lieu de départ, le stade des Andelys très tôt. Je récupère mon dossard qui est topissime avec le profil inscrit à l'envers pour que le coureur puisse le lire en courant
. En cadeau nous avons droit à une paire de manchons aux couleurs de la course
NB: J'aurai quand même préféré le drapeau de la région Bretagne sur mon dossard
Le problème c'est qu'il y a 1h30 d'attente avant le départ et la salle chauffée promise n'est en fait qu'un petit club house local des rugbymen
. J'apprécie toutefois les viennoiseries et jus de fruit proposés, avant de me caler dans les tribunes à l'abri du vent. Ça caille un peu et je rajoute une épaisseur pendant la mise en place de l'arche.
Une petite bruine accompagnera le briefing
avec des mots très rassurants: "c'est un parcours très technique, très difficile, bon courage"
et la première barrière horaire qui m'inquiète déjà....
Heureusement, l'ambiance est toujours aussi bonne et la déconnade une langue universelle
. Certains miment le départ d'une course de ski avec leurs bâtons. Moi je demande si quelqu'un a du ricard pour l'apéro car pour ma part, j'ai les cacahuètes
Je pars vraiment tranquille et après 2km de plat, on se retrouve dans un bouchon sur un single alternant petites montées et bien raides et descentes très pentues
. J'ai déjà chaud et enlève le coupe vent, sachant qu'il ne pleut plus.
On enchaîne tout un tas de taquets monstrueux vus d'en bas mais toujours avec un point de vue magnifique arrivé en haut. Nous passerons notamment dans Château Gaillard, moment improbable de mémoire de sportif. Un parcours super bien balisé avec des petits drapeaux roses piqués dans le sol, pas moyen de se tromper
.
Pour revenir à la course. Le parcours est vraiment technique, du devers quasiment sans arrêt, des descentes avec des cordes pour se rattraper, des escaliers, des pierres fuyantes sous les appuis, des racines rendues humides par la pluie ..... heureusement il ne manque que la boue
Seulement 7 km dans la première heure
, mais quelques descentes permettront ensuite de courir et de passer la barrière horaire avec de l'avance. Les ravitos sont bien fournis et les bénévoles aux petits oignons. J'essaie de passer le moins de temps possible, je fais le plein d'eau et je ne mange que ce que j'ai testé et prévu dans le sac. Pas de gobelets en plastique, je teste pour la première fois l'écogobelet de la zifoun
et je constate que beaucoup ont le même modèle. Le seul souci, c'est de trouver un endroit pour le ranger sans qu'il ne gêne dans la course
et sans avoir à enlever le sac.
Le kilomètres défilent et le temps passe vite. Pas de douleur avant le 30ème km, je suis plutôt bien, je profite des rares moments de plats pour dérouler un peu les jambes. Mais à force de freiner dans les descentes, les cuisses sont en surchauffe. Ça devient très dur. Je renseigne Madame sur mon heure d'arrivée approximative qui est repoussée petit à petit. Heureusement que le profil sur la fin est plus tranquille mais dans les dernières descentes même à faible inclinaison, je ne peux plus courir
. Je ne regarde plus la montre sauf pour savoir l'heure qu'il est. J'ai un passage de 5 km où je suis un peu tout seul dans la pampa, ce qui ne motive pas vraiment, mais à l'approche de l'arrivée, un groupe se reforme autour de moi, ça redonne un peu de discussion et de motivation.
Je passe la Seine sur une passerelle où pour la sécurité, nous devons marcher, cela me permet surtout de refaire un peu de jus. Il reste 4km, et je prends une allure tranquille à 6'00/kilo. Je retrouve les filles à proximité de l'arrivée et franchissons ensemble la ligne au bout de 7h06 de course
Un moment de libération, vécu avec mes puces, un souvenir incroyable. Je récupère le cadeau finisher: une écotasse, puis le sandwich et la bière
J'ai très froid très vite, donc je ne reste pas pour les kinés et je prends vite du change avant de rentrer dans la voiture. C'est pile le moment du podium, une course remportée par Aurélien Collet en 4h15
Il se murmure pour l'an prochain qu'il y aurait peut-être un 100km
Bilan de l'affaire:
- un super week-end en famille
- un tracé magnifique, mais très technique et cassant (très peu de descentes en courant)
- une météo très correcte
- une organisation nickel (avec quelques détails à peaufiner, mais c'est presque du pinaillage)
- des bénévoles formidables de gentillesse, de compassion et de soutien
- Je suis bien cassé après cette épreuve, mais j'y ai pris énormément de plaisir. Je suis étonné même par ma capacité à relancer sur le plat, ce qui me motive vraiment pour aller voir encore un peu plus loin
, plus haut
- juste pour le fun: je viens de marquer mes premiers points ITRA