Je suis reviendu
Même si certains d'entre vous n'ont pas été très sage
, voici mon humble CR qui pourrait motiver ou pas d'autres futurs marathoniens
Départ de la maison alors qu'il fait encore noir avec mon collègue Hubert (3ème marathon), et nous passons prendre mon binôme Ludo (non pas le chauve, ni le clown
), qui est lui aussi accompagné d'un de ses collègues Alexandre. Direction la capitale avec de l'humour à revendre dans la voiture surement pour évacuer le stress qui est bien présent
. On se gare après Neuilly et chacun y va de sa petite astuce de préparation pour éviter ampoules et autres blessures bénignes mais bien pénibles au bout de 42,195km
. Dans le métro, un mélange d'odeur vous fait savoir que c'est un jour pas comme les autres, on y distingue les pommades et autres crèmes de préparation et le costume le plus courant est le short / baskets
.
On dépose les sacs aux consignes après l'arrivée Avenue Foch
et on récupère le 5ème larron Nicolas (2ème marathon). Sans avoir trainer il est déjà l'heure de se rendre dans les sas de départ sans oublier la case "toilettes" qui peut prendre un certain temps selon la file d'attente
. L'ambiance est surréaliste: on sait tous qu'on va bien en baver et pourtant les coachs mettent le feu au pavé parisien. Les différents départs sont applaudis et il parait que c'est très joli à voir. Vu ma taille autant vous dire que je n'ai rien vu à part le nom du club d'athlé de mon prédécesseur.
Hubert est dans le sas de 3h00 et nous 4 dans celui de 3h30. Je sais que c'est un rythme que j'ai du mal à tenir plus de 20 bornes, mais je me dis qu'avec mes camarades, ça pourrait peut-être passer
Les fauves sont lâchés et on se met très vite sur la base de 5'00 au kilo. La descente des champs est magnifique
, je prends un pied monstre mais je reste vigilant car les pavés sont parfois traitres et j'essaie de rester au cul de mes compagnons. Le public est en masse et on a l'impression d'être au tour de France mais en tant que coureur
et
Le GPS est récalcitrant et ne trouve pas de signal (quelle idée de faire des immeubles aussi haut et en plus ça fait trop d'ombre
), tant pis on le fera seulement avec le chrono.
Au 1er ravito, ça joue un peu des coudes mais je me faufile
et je fais le porteur d'eau pour les copains qui du coup n'ont pas eu à ralentir ni dévier de leur trajectoire
..... (à charge de revanche
).
On arrive au château de Vincennes au bout d'1h et tout va pour le mieux, la socquette est légère et il fait presque chaud
. Dans le bois de Vincennes, je ferai une petite halte pour satisfaire un besoin pressant
et je reviendrai au train en 1km environ sur mes compagnons (peut-être un poil trop vite
).
On retourne vers la Bastille et au 20ème, on est encore sur les temps de passage prévus, imaginés, voire rêvés. Alexandre prend la poudre d'escampette
On commence à voir un peu de tout: un gars qui coure pieds nus
, quelques chaussures minimalistes
,des nationalités hallucinantes difficiles à placées sur un globe
mais surtout plein de jolies filles ...... de dos
.
Arrivent ensuite les quais et c'est là que ça commence pour moi à devenir un peu dur
. Après avoir refait le porteur d'eau au 25ème, je laisse filer mes 2 derniers compagnons car je sens que la machine est en surchauffe. Le passage sous le tunnel des tuileries est impressionnant, musique techno à fond et jeux de lumières dans l'obscurité....des hourras annoncent le retour à l'air libre. Une foule est massée sur les bas côtés et les encouragements sont vraiment les bienvenus.
Après la Tour Eiffel, au 30ème, je sens les crampes monter dans les cuisses, elles ne me lâcheront plus jusqu'à la fin
. Le moindre petit dénivelé positif devient un supplice
, je modifie un peu ma façon de courir mais c'est alors les genoux qui n'apprécient pas. Au ravito du 30ème, l'ensemble des coureurs ,moi y compris, se met à marcher pour s'alimenter, c'était jusqu'alors des ravitos pris à la volée grâce aux formidables bénévoles qui ne cessent de nous encourager
Je remets la machine en route mais à un rythme qui a fortement chuté. J'oublie le chrono et me concentre sur les bonnes paroles du philosophe XJR "profite de la course quelque soit ton temps"
J'alterne petit footing et marche rapide dans les petites montées. Il y en a partout, des gars qui s'étirent sur le bas côté, certains qui marchent et repartent comme moi, d'autres qui s'encouragent par petits groupes, des interventions de la sécurité civile pour venir soigner des gars en vrac
Des Gwen Ha Du flottent bien haut et même des drapeaux du Stade Rennais
me redonnent de l'entrain
Les spectateurs présents dans les 10 derniers kilomètres ont les mots justes
, qui vous encouragent et incitent à ne pas lâcher. A partir de là, ça se joue dans la tête puisque de toute façon le corps ne veut qu'une seule chose, s'arrêter et ne plus souffrir
Au ravito du 35ème, je reçois les encouragements des bénévoles de Chambly qui me remettent un coup de motivation
, et je rattrape mon Ludo en pleine agonie avec des crampes lui aussi et Nico qui le soutient moralement. Ils me disent de continuer.
Plus rien ne passe à avaler, ni solide, ni liquide et pourtant il faudrait continuer à s'alimenter
Les flammes des 3h45 me doublent et étant partis un peu devant eux, je me dis que je peux peut-être espérer passer sous les 4h
. Je m'accroche, je sers les dents. Chaque pas est une souffrance mais une libération sur ce qui reste à parcourir
. Les encouragements sont maintenant des béquilles qui vous aident à poser le pied devant l'autre. J'ai mal, mais quelle joie immense à l'intérieur, de vivre ce moment
J'essaie de ne pas m'arrêter, de continuer à trottiner sur le dernier kilo
Passage au 42ème
, il reste 195m, mais que ça parait loin
. J'entends le speaker, l'ambiance est incroyable. Les cris de joie mais surtout de libération fusent dans la masse de coureurs.
C'est fini, je viens de terminer le marathon de Paris en 3h58min38sec. On est bien loin des temps espérés, mais qu'importe, j'ai appris à me connaître un peu plus aujourd'hui
. Je ne peux plus vraiment marcher, on dira que j'arrive à me déplacer
Pour la suite, c'est une lente procession vers le ravito, les maillots finisher, les médailles, puis les consignes de fringues avant de retrouver les copains qui en ont tous bavé sauf Hubert (mais lui vient d'une autre planète
).
Le retour en métro n'est pas facile, car il faut descendre des escaliers
, mais la technique de descendre en marche arrière est adoptée par tout le petit groupe
Comme toutes les sorties
, une petite binouse au cul de la voiture, ce qui étonne les autres coureurs garés près de nous
Retour à la maison pour une petite sieste
devant le tour des Flandres après avoir dévaliser le frigo (surtout le salé
).
et
aux spectateurs et aux bénévoles qui permettent à chacun de se surpasser.
et
à mes compagnons de m'avoir entrainer dans cette galère mais de l'avoir fait ensemble (dans sa grande majorité)
Je ne dis pas non pour le refaire (ce soir, c'est inenvisageable
), mais peut-être ailleurs et surtout avec un rythme qui me convient un peu mieux pour finir moins en vrac.
Si vous hésitez, faîtes le
, vous ne le regretterez pas (sauf pendant 2/3 jours
)
à XJR, même si l'on ne sait pas vu
sur après le parcours